La démarche « référent de parcours » a été lancée dans le cadre du plan d’action en faveur du travail social adopté par le gouvernement en 2015 à la suite des ETGS (États Généraux du Travail Social). Les ETGS ont fixé des axes prioritaires parmi lesquels on trouver la participation des personnes accompagnées et la recherche de l’amélioration de leur accompagnement.
La démarche de Référence de Parcours, comme le Premier Accueil Social Inconditionnel de Proximité, fait partie de cet axe prioritaire qui vise à permettre à la personne accompagnée d’être mieux pris en charge (accompagnée) et de lui laisser ou redonner sa capacité d’agir et de décider.
Le cœur de la problématique de la démarche de Référent de Parcours consiste à chercher des réponses méthodologiques, posturales et organisationnelles appropriées aux situations sociales les plus complexes. Par situations complexes, on entend des situations de personnes ou de familles qui comportent des problématiques diverses et autour desquelles plusieurs acteurs du champ social, médico-social et socio-professionnel peuvent intervenir. Cette richesse de l’intervention peut, paradoxalement, venir brouiller parfois la lisibilité des projets de parcours entrepris et réduire l’efficience des actions mises en œuvre.
Le Conseil Départemental de l’Ariège a été retenu avec 3 autres départements (le Bas Rhin, le Pas de Calais et le Département de Paris) pour proposer sa propre vision de la démarche de « Référent de Parcours » et a fait appel à b2c Projet pour accompagner les équipes dans l’élaboration du projet, la formation des acteurs du travail social ainsi que l’accompagnement des équipes de direction.
Les attendus du Département vis à vis de l’action :
Le projet d’expérimentation de la démarche de Référent de Parcours consistait à concevoir et à formaliser la mission de Référent de Parcours, son organisation et son outillage au sein de chaque territoire.
Le référent de parcours doit être en capacité de :
- Agir dans une posture alliant conseil et pédagogie pour mobiliser tout au long de son parcours d’insertion sociale et/ou professionnelle dans une volonté de lui laisser sa capacité d’action et son autonomie
- Se positionner dans une vision globale et systémique en tant que « pilote de parcours » pour renforcer les solidarités de proximité tout en étant en capacité de coordonner les partenaires de l’action sociale et/ou professionnelle autour de l’objectif de parcours de la personne.
Pour ce faire, nous avons travaillé sur la base d’une expérimentation sous forme de formation action qui devait permettre aux acteurs volontaires sur chacun des territoires de :
- Poser des temps de regroupement pour se former, échanger et co construire la mission
- Faciliter l’harmonisation des pratiques opérationnelles,
- Réfléchir à des solutions innovantes d’accompagnement,
- Mesurer les effets,
- Sélectionner les outils et les processus efficients,
- Constituer la mallette pédagogique du référent de parcours.
Il s’agit de
- Modéliser la fonction de Référent de Parcours avec comme corolaire la participation de la personne accompagnée
- Dynamiser la démarche de développement social local auprès de l’ensemble des acteurs du territoire
- Concevoir des modes d’intervention dans une approche pluridisciplinaire et interinstitutionnelle cohérente et innovante dans une optique de recherche de l’amélioration continue.
Les publics ciblés furent au démarrage de l’action les personnes démunies et fragilisées en situation de grande difficulté sociale et/ou associée à un isolement relationnel, prioritairement bénéficiaires du RSA sans exclure d’autres publics qui pourraient bénéficier de cette démarche.
Ce ciblage s’est rapidement étendu en même temps que s’est étendue la démarche aux autres champs de l’action sociale départementale.
Une démarche qui renoue avec le travail social mais…
La démarche de référent de parcours n’est pas une nouveauté en soi. En effet, la volonté de mettre la personne au cœur du dispositif et de faciliter le travail partenarial n’est pas une innovation dans les modes de pensées des travailleurs sociaux.
On pourrait même envisager la démarche comme renouant avec les fondamentaux de l’action sociale comme par exemple la polyvalence de secteur ; écoute, prise en compte de la personne dans sa globalité, travail en partenariat autour des problématiques multiples des personnes.
On le fait déjà seront tentés de dire certains travailleurs sociaux à la lecture du guide de la démarche maintenant élaboré[1]. Et c’est en partie vrai. En partie seulement.
Après des années d’approche par dispositifs, une approche centrée sur la personne accompagnée, ayant pour objectif d’accentuer sa capacité d’agir afin de l’aider au mieux à modifier sa situation, entraine des modifications dans les habitudes de travail, les organisations territoriales et la posture, les méthodes et les techniques des travailleurs sociaux.
La démarche de référent de parcours est une opportunité pour envisager de l’innovation, pour s’interroger sur les modalités de mise en œuvre de sa philosophie. Alors, comme tout processus de changement, elle demande à être accompagnée afin que la démarche produise ses effets bénéfiques.
C’est cette approche qui a été choisie par le Département de l’Ariège.
Nous nous proposons de partager dans ce présent article, trois effets choisis qui nous semblent symptomatiques de ce que le projet mis en oeuvre sur l’Ariège a pu produire comme innovation et effets bénéfiques.
En portant le regard sur les résultats plutôt que sur la méthode pour y arriver, nous souhaitons contribuer à la réflexion sur les manières d’aborder un projet de changement qui peut s’avérer riche et porteur de sens pour l’ensemble des acteurs de l’action sociale d’un territoire.
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[1]Guide d’appui à la mise en œuvre de la démarche du « Référent de parcours » – 2019
Bonjour,
J’ai été recrutée sur le poste de chargée de mission référence de parcours au Conseil Départemental d’Indre et Loire depuis février 2020.
L’expérimentation en Indre et Loire est prévue sur une période d’un an sur le secteur géographique des Maisons Départementales de la Solidarité de Loches (secteur rural) et Saint Pierre des Corps (secteur urbain/ Quartier Prioritaire de la ville).
Je suis chargée, en lien avec les équipes des pôles Action Sociale de ces territoires d’élaborer, expérimenter puis évaluer l’approche référence de parcours auprès d’une douzaine de familles par MDS, soit 24 familles sur la totalité .
Récemment, mardi 16 mars, a eu lieu la réunion de lancement de l’expérimentation avec les deux équipes. Cette réunion a rappelé les principes et enjeux de cette approche et permis de débuter un travail en trois sous-groupes portant sur :
-la mobilisation en interne aux équipes du CD37 : champ de compétence et légitimité du référent de parcours ? Quels professionnels peuvent être réf de parcours ? Question des apports théoriques, acculturation. Comment associer les autres services du CD, quels supports ?
-la mobilisation auprès des partenaires : lesquels ? comment ?
-le public ciblé par cette approche. Comment associer au plus tôt, dès la phase d’élaboration de la démarche, des personnes accompagnées par le service social.
Quels supports de communication ?
Des questions sont transversales, comme la vigilance/ secret professionnel, celles des supports de communication, les postures professionnelles.
Aussi, je me permets de vous solliciter pour savoir si vous pouvez me communiquer des supports de communications et/ou outils qui pourraient nous servir de base pour alimenter notre réflexion.
Je serai très intéressée également pour échanger sur les évolutions que cette démarche a suscité auprès des personnes accompagnées et des professionnels.
Avez-vous repéré des écueils ?
Comment s’est déployé cette démarche dans le temps ?
Je vous remercie du soutien que vous pourrez m’apporter.
Cordialement,
Anne Villemont,
Assistante sociale
chargée de mission référence de parcours
Conseil Départemental d’Indre et Loire
avillemont@departement-touraine.fr
07.77.83.66.85
Bonjour Anne,
à partir de ce que nous percevons de vos interrogations, voici quelques éléments qui nous semblent importants à partir de nos expériences sur le sujet de la démarche de référent de parcours :
– Tout d’abord, bien comprendre que c’est une démarche et cela doit le rester. Ce qui veut dire que, par exemple, chaque année, on peut lancer une nouvelle démarche sur un territoire en y associant de nouvelles personnes accompagnées identifiées et volontaires ainsi des référents de parcours différents. La démarche a pour vocation à la fois de rechercher à améliorer les modalités d’accompagnement et de distiller des nouvelles pratiques et modalités de fonctionnement. Elle ne s’impose pas comme un nouveau dispositif mais comme un temps consacré à la recherche d’une pratique sociale rénovée.
– ce qui implique que la communication peut se faire en 2 temps. Temps 1, on lance la démarche comme vous l’avez fait. On fait appel à volontariat (ou autre) pour le groupe de travailleurs sociaux et de cadres qui vont participer directement à la démarche ainsi que près des personnes ou familles à qui l’on souhaite proposer la démarche. Temps 2, on associe les partenaires à la démarche sur la base des projets de parcours.
– L’association des partenaires se réalisera à partir des projets de parcours de la personne ou de la famille. L’idée est ici de lier la participation active de la personne à la construction de son projet à l’organisation et la collaboration des professionnels. Pour être schématique : la personne élabore son projet et le conduit à l’aide de son référent de parcours; ce projet de parcours sert de cadre de référence pour les professionnels qui collaborent et s’organisent à partir de ce cadre; Le référent est légitimé par le choix de la personne ainsi que par l’instance qui identifie les ressources à mobiliser autour du projet de parcours de la personne; le référent a une position spécifique dans l’organisation en mode projet qui se met en place le temps du projet de parcours.
– Cette phase préparatoire, qui consiste à co élaborer le projet de parcours avec la famille, à s’organiser autour et à s’entendre sur les modalités de fonctionnement, prend un temps certain. Elle doit être structurée et outillée. Associant posture, méthode et technique d’accompagnement et posture, méthode et technique de management de projet, la mission de référent de parcours est très riche.
Pour aller plus loin je peux vous proposer de parcourir le blog de b2c projet et notamment les articles suivants :
– Référent de parcours : quelques éléments d’apprentissage
– Plan pauvreté : une opportunité pour le travail social ?
– Pourquoi Co-Construire un parcours en accompagnement ?
– Comment Co-élaborer un projet de parcours en accompagnement (partie 1)
N’hésitez pas à reprendre contact avec nous.
Bien cordialement
Pascal Chiucchini – b2c projet