La loi de modernisation sociale de 2002 avec l’instauration de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) invite chacun à faire des choix professionnels en devenant plus responsable de son avenir. La grande nouveauté qu’introduit la VAE est de pouvoir acquérir un diplôme sans passer par la formation. Si La finalité de la VAE est l’obtention du diplôme, la démarche en elle-même donne à chacun la possibilité de devenir l’auteur de sa vie professionnelle. Là est tout son intérêt.

Mark.L Savickas pose que les individus construisent leur carrière en attribuant un sens à leurs conduites d’orientation. Notre pratique d’accompagnement des candidats à la Validation des Acquis de l’Expérience corrobore cette affirmation. En explicitant la manière dont il travaille, l’individu valorise son savoir-faire et son savoir être, il se construit par là même une nouvelle identité et son devenir professionnel prend tout son sens. La VAE œuvre pour le développement de l’autonomie en structurant les compétences métier. L’homme au travail passe du rôle d’acteur d’une organisation à celui d’auteur de sa vie professionnelle, il réalise ainsi grâce à cette démarche valorisante son histoire de vie professionnelle et personnelle.

Passer du rôle d’acteur à celui d’auteur implique de prendre conscience de ce que l’on sait faire et de la manière dont on le fait, cela demande de mettre des mots sur ses compétences et ses connaissances tant à l’oral qu’à l’écrit. La VAE donne à l’individu l’opportunité de prendre la parole pour redonner du sens à ce qu’il fait et à ce qu’il souhaite faire. À lui de s’en saisir, à nous professionnels de l’accompagner dans sa réalisation.

Notre expérience nous invite à penser qu’il est nécessaire d’avoir une méthodologie pour accompagner au mieux ces personnes. Au fil de nos accompagnements nous avons affiné notre façon d’accompagner les candidats. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité apporter notre éclairage méthodologique sur l’accompagnement à la VAE, dans une période où nous pouvons raisonnablement penser que ce dispositif connaitra une forte croissance dans les prochaines années, notamment avec l’apparition du conseil en évolution professionnelle. Il nous est dès lors apparu opportun de capitaliser nos savoirs faire en matière d’accompagnement à la VAE et de les partager avec tous les accompagnateurs professionnels désireux d’enrichir leur pratique.

Le champ des certifications professionnelles est très vaste et les livrets de validation s’y afférents tout autant. Pour expliciter notre méthode d’accompagnement nous avons choisi d’illustrer notre propos à partir de la trame des livrets 1 et 2 du Ministère de l’Education Nationale. Le livret de validation des acquis de l’expérience ou livret 2 du Ministère de l’Education Nationale est constitué de fiches d’Activités Professionnelles (A1, A2, A3, A4). D’autres certificateurs (comme le Ministère des Affaires Sociales et de la Santé par exemple) emploient plus volontiers la terminologie de « situations de travail » dans la trame de leur livret de validation. Au fur et à mesure de nos accompagnements ceci nous est apparu plutôt comme une question de sémantique qu’une différence de fond essentielle. Dès lors, la méthode d’accompagnement proposée peut globalement s’appliquer à l’ensemble des livrets de recevabilité et de validation quel que soit le certificateur et le niveau de certification.

Le choix de la modalité d’accompagnement

Notre méthode d’accompagnement peut être utilisée en individuel ou en alternance d’individuel et de collectif.
Nous avons souhaité la présenter de manière détaillée sur le mode de l’alternance individuel et collectif. En effet cette alternance nous semble plus intéressante car elle permet de créer une émulation entre les participants en atelier, l’entretien en face-à-face offrant dans un second temps la personnalisation des conseils.
Toutefois, il nous est apparu également judicieux de présenter synthétiquement notre méthode d’accompagnement en individuel. Notamment pour les centres accompagnateurs de petite taille qui pourraient rencontrer des difficultés à développer ce type d’accompagnement alternant travail en groupe et travail en individuel.

Extrait de l’ouvrage

nouveau-octobre-2015-la-vae-une-histoire-d-accompagnementLA VAE UNE RÉPONSE A UN BESOIN DE RECONNAISSANCE

De l’aide-soignante à l’informaticien, de l’hôtesse d’accueil au responsable de magasin, du travailleur social à l’assistante de direction émerge une plainte : « On n’est pas reconnu ! ».
Selon l’ANACT 37 % des salariés français manquent de reconnaissance. Ces résultats corroborent l’étude menée en 2003 par Jean-Pierre Brun (2) dans quatre organisations, où 25 à 41 % des personnes ont affirmé vivre un manque important de reconnaissance au travail.

La reconnaissance, de quoi parle-t-on ?

L’analyse scientifique de la reconnaissance fait apparaître quatre dimensions principales.

  • Reconnaître la personne : une conception existentielle. La conception humaniste et existentielle s’intéresse aux personnes en tant qu’êtres singuliers. Dans cette optique, la reconnaissance porte sur l’individu et non sur l’employé. Cette reconnaissance s’adresse à Éric, Stéphanie, madame T. et non au « responsable marketing » ou à « la comptable ».
  • Reconnaître les résultats : l’approche comportementale. L’approche comportementale s’intéresse aux résultats effectifs, observables, mesurables et contrôlables du travail. Elle suppose implicitement que l’individu agisse en vue de résultats positifs qui sont le moteur de son activité. La reconnaissance au travail est donc considérée comme une récompense. Le salaire à la pièce, l’intéressement aux bénéfices, la commission, la prime sont les applications directes de cette reconnaissance instrumentale.
  • Reconnaître l’effort : la perspective subjective. Les résultats ne sont pas forcément proportionnels aux efforts fournis. Dans un marché déprimé, les salariés peuvent redoubler d’efforts sans que les résultats suivent. Cette conception de la reconnaissance porte sur l’effort, l’engagement et les risques encourus. Elle prend en compte les motivations et l’équilibre psychique de l’individu, ses plaisirs et ses peines. Ici la reconnaissance, indépendante des résultats finaux se vit surtout dans le registre du symbolique.
  • Reconnaître les compétences : la perspective éthique. La perspective éthique s’intéresse aux compétences de l’individu, aux responsabilités individuelles, au souci qu’il porte à autrui. Cette conception éthique constitue la base théorique sous-jacente à la reconnaissance de la pratique de travail.

D’après une étude réalisée par le Fongécif IDF en 2011 il apparait clairement que 85% des bénéficiaires déclarent avoir réalisé une VAE pour obtenir une reconnaissance personnelle. Ce motif est plus fréquemment cité par les personnes sans diplôme (89%), de niveau V (88%) ou de niveau 6 (91%). Notre pratique de l’accompagnement VAE corrobore les résultats de cette étude.
Nous observons au quotidien dans nos accompagnements à la VAE, l’expression de ce besoin de reconnaissance existentielle chez les candidats.

Ce besoin de reconnaissance s’exprime très fortement pour certaines catégories socio professionnelles. C’est le cas notamment pour les auxiliaires de vie, les aides-soignantes et les gardes d’enfants. Ces femmes travaillent pour la plupart, à domicile chez des particuliers. L’obtention du diplôme (DEAVS, DEAS, CAP petite enfance) par la VAE leur permet d’intégrer l’institution. Pour ces personnes, l’obtention de la certification par la VAE signe une véritable reconnaissance.

Le livre est disponible sur le site des Editions qui plus est