En ce premier édito de l’année 2016, j’avais envie d’échanger avec vous sur le rôle que joue la pédagogie dans les pratiques d’accompagnement.

Par pédagogie de l’accompagnement, nous entendons la mise en place d’une pratique professionnelle qui recherche, dans l’ensemble des activités qu’elle met en oeuvre, l’atteinte d’un résultat par les destinataires eux mêmes. Ce résultat est un objectif envisagé (prévisionnel) de la part d’un praticien pour qui, les situations pédagogiques priment sur les cas individuels.
Le destinataire se trouvant confronté à la situation, va prendre des décisions, va agir selon son propre cadre de référence durant la séance et rechercher (parfois trouver) des solutions qui lui sont propres et qu’il va mieux intégrer dans ses activités futures.

En cela, il est le seul à pouvoir construire son propre cheminement, son propre parcours.

Par exemple, un entretien individuel constitue une situation pédagogique à part entière puisqu’elle possède un objectif, des outils, des techniques. Prenons comme exemple la rédaction d’une lettre de motivation sur la base d’une petite annonce.
Ici le praticien peut poser les objectifs suivants à l’entretien (à titre d’exemple) :
1. Rechercher à obtenir le résultat immédiatement : « à l’issue de l’entretien, le destinataire a rédigé sa lettre de motivation et peut l’envoyer »
2. Rechercher obtenir un résultat pédagogique : « à l’issue de l’entretien, le destinataire a décidé de répondre à l’annonce et a évalué si il possède les éléments techniques lui permettant de rédiger sa lettre de motivation ».

Quels sont les impacts de ce dilemme du praticien sur la pratique professionnelle :
1. le praticien a posé un objectif qui n’est pas forcément partagé. il recherche à l’atteindre dans le temps imparti. Il risque, soit de déborder sur son temps d’entretien; soit de prendre la main et de rédiger la lettre lui même (ou assimilé). Il peut à l’arrivée vivre l’expérience d’être obligé d’envoyer une lettre qu’il aura lui même rédigée.
2. le praticien propose un enchainement de séances proposant différentes situations au destinataire (choix d’étudier l’annonce, discriminer les critères plus et moins de l’annonce par rapport à sa situation, choix d’y répondre ou non, choix des attendus de la réponse, choix d’acquérir des techniques pour y répondre correctement).

Qu’est ce qui nous amènerait à favoriser la pédagogie de l’accompagnement sur l’efficacité apparente de la recherche du résultat immédiat ? On voit bien que dans le premier cas, la personne sort avec sa lettre et dans le deuxième cas, elle n’a que des bonnes résolutions. Comme l’annonce ne va pas rester 107 ans sur le marché, le premier qui a répondu a plus de chance d’y arriver serait on tenté de penser.

Mais… si on regarde d’un peu plus près le résultat attendu, on peut dire que ce n’est pas d’envoyer la lettre qui importe mais bien d’obtenir le poste et de le conserver ou de s’y maintenir. Et c’est justement la capacité du praticien à aider à la décision qui va permettre d’obtenir ce résultat. Quand la situation 1 va créer des comportements de fuite, de résistance, de passivité ; la situation 2 va aider la personne à s’inscrire dans un changement durable car assumé.

Il en va de l’écologie de notre activité que de rechercher la durabilité dans ses effets. C’est une des raisons de la nécessité d’intégrer la question de la pédagogie dans les pratiques d’accompagnement.

Bonne année et bonne rentrée à tous