Mission Locale de Bondy

Projet 2016

Avant propos :

Ce document a pour objet de présenter les éléments de cadrage, résultat des travaux effectués en collaboration avec les Conseillers de la Mission Locale de Bondy autour du Dispositif Garantie Jeune durant l’automne 2016. Ce travail nécessite d’être réalimenté par des mises en pratique des conseillers en charge de la GJ. Il ne vous propose pas les outils liés à ce cadre d’intervention.

Il est le résultat d’une volonté de la direction de la Mission Locale de Bondy d’entamer à la suite du renouvellement de l’équipe, un travail collaboratif autour de la structuration de la GJ.

Merci à Monsieur Samir Hariche, Directeur de la Mission Locale de Bondy de nous avoir donné l’autorisation de diffuser ce contenu.

Merci à toute l’équipe pour sa mobilisation, sa motivation et son engagement.

La diffusion de ce travail vise à contribuer à la réflexion collective autour de la structuration de la GJ pour permettre aux jeunes qui s’y inscrivent d’atteindre leurs objectifs de parcours.

L’objet de l’intervention :

Trouver une cohérence générale entre :

  • La pédagogie de l’accompagnement
  • Le cadre général du dispositif et ses objectifs
  • L’organisation interne de la structure Mission Locale.

La GJ a donc été revisité afin d’identifier les enchainements potentiels permettant de mener un accompagnement mêlant individuel et collectif, dans le cadre de la GJ et dans les meilleures conditions de qualité et de délais.

Il s’agit également de créer les situations pédagogiques favorables à l’engagement, la mise en mouvement et la cohésion d’équipe pour le public cible de la GJ. Ce travail de co élaboration avec l’équipe GJ allie formalisation et expérimentation et s’inscrit dans une démarche de recherche d’amélioration continue des pratiques, des processus pédagogiques, des organisations. `

Le Dispositif Garantie jeune est structuré autour de 3 phases bien distinctes mais qui s’enchainent de manière à ce que le jeune :

  1. S’engage vers l’emploi et l’entreprise
  2. Acquiert de l’autonomie
  3. Profite de l’effet de groupe
  4. Avance sur son projet de parcours (également appelé projet de plan d’action)

L’objectif de la GJ est de permettre aux jeunes d’être en « situation d’emploi, de formation qualifiante, de création d’entreprise ou de retour en formation initiale à l’issue des 12 mois ».

Voir le schéma : Méthode de construction du schéma général de fonctionnement

D’un point de vue de la pédagogie du changement et de l’engagement du jeune, nous avons repéré pour chaque phase de la GJ, les décisions que le jeune doit être en capacité de prendre à leur issue.

  • Ainsi, sur la phase 1, le jeune est sollicité pour présenter son dossier à la commission dont le rôle symbolique et technique est réaffirmé.
  • En phase 2, le projet de parcours (ou plan d’action) travaillé par le jeune lui-même grâce aux informations recueilles tout au long de ses démarches et des ateliers proposés sera formalisé et présenté à la même commission qui validera tout ou partie de ses choix quant à l’ingénierie de son parcours, sa stratégie générale, les moyens nécessaires à sa réalisation.
  • Enfin en phase 3, un travail autonome, de valorisation des périodes d’activité, et d’aide à la décision doit permettre au jeune, au sein d’un collectif maintenu, autonome et encadré, de poursuivre son effort jusqu’à l’obtention de son résultat final.

Les 3 phases doivent alors pouvoir s’enchainer dans une logique pédagogique. Chacune ayant sa logique propre et s’inscrivant dans une cohérence pédagogique du changement.

La phase 1 : phase d’accueil

Organisation de la phase 1 :

Elle est composée de 3 temps de travail : une animation collective, un entretien de positionnement et une commission (devenue interne depuis).

Objectif de la phase 1 :

A l’issue de la phase 1, le jeune doit décider quels éléments il intègre dans son dossier d’entrée à la commission d’entrée. Le dossier contient, outre les éléments administratifs demandés, la formalisation explicite de son ou ses objectifs de parcours potentiels (le résultat qu’il vise à l’issue de la GJ est formalisé sous la formule « A l’issue de la GJ, j’aurai obtenu le résultat suivant »). Il étayera son choix principal (objectif préféré) par un argumentaire d’intention et/ou d’explicitation des raisons pour lesquelles le dispositif va l’aider à atteindre son objectif.

Pourquoi procéder ainsi :

La rémunération que le jeune perçoit lors de la GJ est à la fois un avantage et une difficulté pour le côté mobilité et accompagnement du changement. L’aspect incitatif de la rémunération attire les jeunes, c’est bien normal et c’est un atout. Le risque, c’est que certains ne viennent que pour la rémunération et élaborent des stratégies d’évitement sur le sujet principal de la GJ.

Il est donc nécessaire de proposer un travail préparatoire aux jeunes pour qu’ils puissent envisager par eux – mêmes concrètement les contreparties de cette rémunération. Au sein de l’animation collective, une séance « droits et devoirs » leur est alors proposée pour les aider à envisager non seulement les engagements qu’ils vont prendre en contractualisant dans la cadre de la GJ mais également qu’ils appréhendent l’ensemble des possibilités (les droits) que leur ouvre la même contractualisation en dehors de la simple rémunération. Les droits et les devoirs listés par les jeunes eux-mêmes sont ensuite formalisés pour leur être remis comme outil d’aide à la décision.

De plus, la compréhension de la GJ par le jeune se heurte à un écueil bien connu des praticiens : le partage du cadre de référence. Si le jeune n’a jamais connu de dispositif d’accompagnement, il se créé un cadre de représentation forcément déformé par rapport aux informations que lui donne le conseiller ; si le jeune a déjà connu des dispositifs, il va avoir tendance à coller son cadre de référence dans les propos du conseiller. Dans tous les cas, l’appropriation est biaisée et les risques d’abandon ou de non adhésion une fois rentré augmentent.

Un travail de co construction du cadre de référence permet donc au jeune d’envisager comment il va pouvoir utiliser la GJ pour atteindre son objectif formalisé.

Résultats attendus de cette phase :

  • Faire sortir le jeune de son cadre de référence.
  • Lui permettre d’envisager l’ensemble des possibilités que lui offre le dispositif.
  • L’aider à choisir les leviers de son action
  • Créer les conditions d’engagement sur la phase 2.

Critères d’évaluation :

  • Le jeune a formalisé au moins un objectif final atteint à l’issue de son parcours GJ
  • Le jeune a rédigé une lettre d’intention et listé seul (choisit) au moins 3 éléments d’intérêt de la GJ
  • Le jeune a réuni au moins 90% des documents demandés
  • Le jeune a déclaré vouloir présenter son dossier à la commission. 

La phase 2 : la phase collective

Organisation de la phase 2 :

La phase collective est organisée autour de 5 modules, répartis en séquences d’une demi-journée sur l’ensemble des 4 semaines.

  • Savoirs de base
  • Compétences clés et culture pro
  • Devenir un pro en action
  • Autonomie et vie pratique
  • Mon Projet de parcours

En règle générale, selon l’organisation interne et les contraintes externes, le planning prévoit une séquence de chacun des modules par semaine.  L’idée maitresse de cette organisation est la suivante : tout en créant un groupe de jeune qui fonctionne et se mobilise, il s’agit de permettre la Co construction individuelle du projet de parcours à mettre en œuvre en phase 3.

Ce projet de parcours est alimenté au fur et à mesure des apprentissages obtenus durant les activités des modules en phase 2. A la fin de chaque séquence, une auto évaluation est proposée au jeune (« les résultats que j’ai obtenus. Les écarts que je constate. Les questions que je me pose. Les impacts sur mon projet de parcours ») afin de lui permettre d’alimenter et de faire le lien avec son projet.

Le jeune garde cet auto diagnostic (un livret numérisé est envisagé) qu’il pourra réutiliser dans le cadre du Module Projet de Parcours et/ou dans le cadre d’entretiens individuels en cas de besoin.

 Objectif de la phase 2 :

A l’issue de la phase 2, le jeune aura bâti son projet de parcours GJ et choisit la meilleure façon de le mettre en œuvre (il aura envisagé l’ensemble des hypothèses durant la phase 2).

Pourquoi procéder ainsi :

L’acquisition de connaissances durant cette phase collective ne peut être une fin en soi, notamment pour des jeunes qui souvent ont été en rupture avec le système scolaire. Elle se fait dans un but précis : celui d’aboutir au résultat visé par le jeune à l’entrée dans la GJ.

Ainsi, l’ensemble des activités proposées alimente l’idée générale formalisée sous forme d’objectif final en phase 1 et qui pourrait tout à fait être revisitée voire modifiée plusieurs fois en phase 2.

Ces activités collectives trouvent ainsi du sens auprès du jeune. Les résultats intermédiaires obtenus participent à l’atteinte du résultat qu’ils soient ressentis plutôt comme positifs ou négatifs par le jeune. Le fait de travailler son projet de parcours, d’y revenir de différentes manières, sur différents sujets et sur certains aspects non envisagés, lui permet à la fois de se l’approprier, de faire des choix plus éclairés, de s’engager.

Il lui fournit, sous une forme de formation action, une expérience et des compétences réutilisables dans sa future activité professionnelle.

C’est pourquoi, il est important au démarrage de la phase 2, de permettre aux jeunes :

  1. De comprendre le cadre général de la phase.
  2. D’identifier les différents modules et leur utilité dans le cadre général
  3. De choisir dans un certaine mesure l’organisation des modules

En règle génaral, les jeunes demandent à exposer leur projet professionnel et à y travailler rapidement. Le contrat peut être posé dans ce sens : « vous devez faire la totalité des modules, vous avez la possibilité de les organiser comme vous voulez et selon la logique interne de chacun des modules ».

Bien sûr tous les jeunes ne seront pas au même niveau d’avancement du projet de parcours à l’issue de la phase 2. Certains auront un projet de parcours à démarrer, d’autres seront déjà passés à la mise en œuvre (validation du projet), éventuellement d’autres pourront être déjà en emploi ou en formation.

Une possibilité de quelques entretiens individuels pour travailler les questions délicates ou pour faire le point sur l’état d’avancement notamment pour ceux qui sont les plus en difficulté a été organisée.

Résultats attendus de cette phase :

  • Un plan d’action (projet de parcours) abouti, maitrisé et formalisé (feuille de route).
  • Un jeune bien intégré dans son groupe (en soutien et soutenu)
  • Les conditions d’engagement créées pour le démarrage la phase 3.

Critères d’évaluation :

  • Le jeune a formalisé un ou deux projets de parcours GJ
  • Le jeune a choisi le projet de parcours qu’il va mettre en œuvre lors de la GJ (phase 3)
  • Le jeune a déclaré vouloir présenter son projet à la commission d’examen des plans d’action
  • Le jeune a participé à des activités au sein de son groupe et a apporté un part contributive mesurable.

La Phase 3 : la phase de Mise en œuvre

Organisation de la phase 3 :

Il est ressorti le besoin de structurer cette phase sur 2 volets que l’on mène en parallèle :

Les entretiens individuels de supervision de l’état d’avancement des projets de parcours et un co accompagnement collectif effectué par les jeunes eux–mêmes.

Rappelons qu’à l’issue de la phase 2, chaque jeune a choisi son plan d’action (feuille de route) qu’il a formalisé et qui lui permet de poursuivre ses démarches.

  • Les entretiens individuels de suivi de l’état d’avancement des projets de parcours de chaque jeune. Les jeunes mettent en place les actions décidées dans le cadre de leur plan d’action. Ils obtiennent par rapport à ce qu’ils avaient prévus, des résultats qui sont soient conformes, soit différents voir divergents. Le conseiller GJ accompagne le jeune en l’aidant à évaluer les écarts, envisager les possibilités et aide aux choix nécessaires pour faire aboutir le projet de parcours.

6 types d’entretiens ont été envisagés sur cette phase d’accompagnement :

  1. Entretien « État des lieux » : Appréhender des difficultés individuelles susceptibles d’entraver le projet de parcours élaboré tout au long de la phase collective
  2. Entretien « Préparation d’étape » : Préparer les jeunes lors d’une rentrée sur une action ou une étape
  3. Entretien « Suivi/ Évaluation » : Evaluer les résultats obtenus lors de l’action ou de l’étape pour décider de la suite à donner au projet de parcours
  4. Entretien « Réajustement de parcours » : Co élaborer le parcours à l’instant t en tenant compte des résultats des actions et des nouveaux éléments de contexte.
  5. Entretien « bilan » : effectuer un bilan général du parcours et des actions effectuées par le jeune en vue de sa présentation à la commission
  6. Entretien « Retours sur étape Emploi » : faire l’évaluation des compétences et aptitudes acquises lors de l’expérience professionnelle vécue par le jeune, l’inciter à remplir son Portfolio.
  • Les séances de Co accompagnement effectuées par les jeunes entre eux constitués en groupes de travail sur des activités de Recherche d’emploi directe. Les jeunes recherchent ici activement un emploi, une formation selon le projet de parcours choisi et validé par la commission. Une salle équipée est mise à disposition du groupe avec un cadre de fonctionnement clairement identifié par les jeunes sur des créneaux dédiés. Un jeune est responsable de l’animation de la salle et du groupe. Et une animation à distance des conseillers GJ est proposée avec responsabilité tournante des jeunes et un système d’entraide.

Les séances sont les suivantes

  1. Travailler son CV
  2. Répondre aux offres d’emploi
  3. Se préparer aux entretiens d’embauche
  4. Tenir son Portfolio
  5. Participer/ animer un projet
  6. Etendre son réseau
  7. Prospecter les entreprises

D’autres séances sont à inventer (éventuellement sur proposition des jeunes). Il existe des expériences de Co accompagnement croisé qui se sont avérées très intéressantes.

Objectif de la phase 3 :

A l’issue de la phase 3, le jeune est en situation d’emploi, de formation qualifiante, de création d’entreprise ou de retour en formation initiale.

Pourquoi procéder ainsi :

Tout d’abord un constat a été fait sur cette phase : le retour à une formule « classique » d’accompagnement (entretien individuel avec son conseiller 2x par mois) amène les jeunes à regretter la phase précédente, voire à identifier la fin de la GJ à la fin de la phase 2. De plus, les conseillers regrettent que la dynamique collective créée en phase 2 ne soit pas entretenue et ne puisse continuer à produire ses effets bénéfiques sur le jeune. Le risque d’un retour au comportement initial (la GJ = l’indemnité) est réel sur cette phase.

Ensuite, il s’agit de valoriser les compétences et aptitudes des jeunes. Ils ont acquis des compétences durant les apprentissages notamment de la phase 2. Comme en entreprise, ils peuvent transmettre, animer, organiser en « autonomie encadrée », les activités à mettre en place pour réaliser leur parcours. Cette autonomie, ce maintien du lien social, cette confiance donnée seront autant d’éléments constitutifs de la réussite des parcours et donc des résultats de la GJ.

Résultats attendus de cette phase :

  • Le jeune est en situation d’emploi, de formation qualifiante, de création d’entreprise ou de retour en formation initiale à l’issue de la phase.
  • Le jeune est autonome dans la mise en œuvre des techniques de Recherche d’emploi.
  • Il recherche activement et suit son plan d’action.
  • Il sollicite régulièrement son conseiller pour évaluer avec lui ses résultats et prendre les décisions de réajustement.

Critères d’évaluation :

  • Le jeune a signé un CDI, CDD
  • Le jeune est rentré en formation initiale et/ou qualifiante – il a entamé une démarche de création d’entreprise
  • Le jeune a participé au groupe et y est actif
  • Le jeune a animé au moins un atelier en autonomie
  • Le jeune a sollicité son conseiller sur l’évaluation de son plan d’action

Pièces à joindre (avec d’autres à rajouter) :

Phase 1 :

– 1.1 Trame Information Collective

– 1.2 Trame entretien de Positionnement

– 1.3 Rôle et composition de la Commission

– 1.4 Règlement intérieur de la GJ

Phase 2 :

– 2.1 Calendrier général type de la GJ phase 2

– 2.2 Conducteur de séance Module 1 : Savoirs de base

– 2.3 Conducteur de séance Module 2 : Compétences clés et culture pro

– 2.4 Conducteur de séance Module 3 : Devenir un pro en action

– 2.5 Conducteur de séance Module 4 : Autonomie et vie pratique

– 2.6 Conducteur de séance Module 5 : Mon Projet de parcours

– 2.7 Rôle et composition de la Commission

Phase 3 :

– 3.1 Les différents types d’entretien

– 3.2 Déroulement des co accompagnements

– 3.3 Charte générale de fonctionnement des ateliers

Puis l’ensemble des outils nécessaires au fonctionnement de la GJ.

 

Fait à Aix en Provence, le 01/03/2017

Pascal Chiucchini